• Comment gérer une classe à cours multiples?

    Le maitre mot dans une classe à multicours, c’est le TEMPS.

     Le temps de préparation, le temps de la maitresse pour chaque cours et le temps de l’élève. Il faut penser à ces 3 aspects.

     1) Le temps de préparation :

     - il faut aller à l’essentiel, sans se perdre, sans s’éparpiller. Donc, je pense qu’il faut soigneusement choisir ses outils, ses manuels, ses références.

    Cela peut se faire pendant les vacances, par exemple, pour savoir où piocher quoi. Si on commence à prendre la géométrie par ci, la numération par là, les albums par ici, l’étude du code par là-bas…..on peut facilement y passer des heures ….et n’avoir rien fait au bout du compte !

     - une fois ses outils choisis, il faut préparer sa classe. En ce qui me concerne, je pense toujours à moyen terme. C'est-à-dire que je pense à plusieurs séances d’un coup pour chaque matière.

    Et aussi, il ne faut pas être trop ambitieux. Il vaut mieux se limiter à  un seul objectif par séance. Il faut se dire qu’on ne sera pas plus de 30 min consécutives avec les élèves du même cours, autant y aller molo.

    Concrètement : en maternelle, en graphisme, je me dis : « on va découvrir un nouveau geste, on va le faire à la peinture la première séance, le lendemain, on va le faire en encre, le jour d’après au feutre en A3, le jour d’après au feutre en A4, et ensuite, il faudra que je prépare des fiches d’entrainement ». Hop, j’ai déjà une semaine devant moi !

    Si c’est en maths GS, on manipule, puis on s’exerce en atelier dirigé, puis je leur prépare des fiches d’entrainement sur le même thème, que je photocopie d’avance. J’ai ainsi 4 ou 5 fiches de maths déjà prêtes, dans une pochette-trieuse.

    Si c’est en CE1, en grammaire, je me dis « la première séance, c’est la découverte, je vais leur faire manipuler des étiquettes et on découvrira la règle collectivement, le jour suivant on rappellera la règle et je leur donnerai un exercice à trou à manipuler individuellement, et les jours suivants, ce sera de l’entrainement.

    Si c’est en CP lecture, je sais que le premier jour, on découvre le son, on l’écoute, on le lit, on l’écrit. Le deuxième jour, on le lit dans des phrases, on s’exerce à en écrire. Je prépare des exercices (je ne fabrique pas tout, loin de là !!! Je pioche sur quelques bons sites et je photocopie dans quelques bons outils) en avance, une fois encore. J’ai une barquette avec tous les exercices du son étudié photocopié d’avance (et même le son d’après).

    - il faut également s'organiser matériellement: je parlais plus haut de photocopies d'avances, de barquettes par niveau ou de pochette-trieuse, il y a aussi les classeurs pour y ranger toutes nos ressources glanées çà et là. Personnellement, tout ce que je prépare l’année 1, je le range dans un classeur classé par période (période = temps de classe entre 2 vacances), hyper pratique l’année d’après. Je sais, période après période, où j’en étais l’année d’avant.

    Voilà pour la prép’  

     

    2 : Le temps de l’enseignant

     Alors, pour commencer, il faut se faire un emploi du temps clair et précis. Il faut partager son temps entre les différents niveaux. Il est conseillé de répartir sa présence avec chaque cours en « escalier ». Exemple en GS/CP/CE1, commencer par les GS, puis aller avec les CP et terminer avec les CE1, puis recommencer avec les GS etc.

     On dit parfois qu’il faut commencer par les plus petits, ou  les moins autonomes... Je pense plutôt qu’il faut bien réfléchir. Si on a une ATSEM, par exemple, eh bien, on peut commencer la journée par lui confier les GS. Du coup, on peut commencer par les CP, et laisser les CE1 autonomes.

    Quand on bâtit son emploi du temps, il faut penser au temps de présence avec les élèves, mais il faut aussi penser au temps où justement on n’est pas présent avec eux. Et parfois, il vaut mieux ne pas commencer par les moins autonomes, mais choisir de les voir en deuxième (dans une classe à 3 niveaux) pour morceler leur temps où ils seront tout seul. On peut aussi compter sur les récréations pour faire des coupures.

    Une fois que l’emploi du temps est établi, il faut absolument s’y tenir. Si, en pratique, on s’aperçoit qu’on a fait ¼ de ce qu’on avait prévu et que c’est l’heure de changer de groupe….eh bien, mon conseil, c’est de respecter l’emploi du temps, et de finir la séance le lendemain. Sans quoi, tout se décale et il arrive le moment affreux où tous les élèves de tous les groupes ont fini leur travail en même temps, et là, ça dérape….

    Il faut limiter le temps de présence avec chaque groupe à 30 min, ou même 20 min. Donc, il faut aller à l’essentiel pendant la leçon. On ne peut pas appliquer les bons ( ?) conseils iufmiens de déroulement de leçon. On ne peut pas les laisser découvrir pendant 20min, puis synthétiser pendant 15 min et les mettre en application pendant 20 min…. Eh bien, non, en multicours, on morcelle. On partage tout ça en plusieurs petites séances.

    En CE1, par exemple, c’est 1 séance de découverte et d’énoncé de la règle et une autre séance de rappel et d’entrainement dirigé, avant de les mettre en exercices.

    D’un autre côté, il faut se dire qu’en multicours, on a forcément moins d’élèves par niveau qu’en cours simple. Alors, on va plus vite aussi. On voit plus facilement si nos 6 CE1 ont compris la leçon, que si on en avait 24 devant nous…. On cible beaucoup plus nos apprentissages selon nos élèves.

    Voilà, je pense avoir tout dit pour le temps du maitre, passons au temps de l’élève !

     

    3) Le temps de l’élève

     

    Je parle du temps où il est autonome. Parce que c’est ça, la clé de la réussite en multicours : avoir le calme dans la classe pendant qu’on s’occupe d’une partie de la classe seulement.

     Il faut accepter de perdre du temps en septembre, pour en gagner tout le reste de l’année ensuite. Il faut passer beaucoup de temps à expliquer le fonctionnement, à répéter et redire les choses.

     Concrètement : on fait notre petite leçon, et hop, voilà le moment de changer de groupe sur notre emploi du temps (que l’on respecte comme un texte sacré). Là, il faut mettre les élèves en activité, autonomes s’il vous plait. D’abord, on explique la consigne de l’exercice.

    Ensuite, on s’assure que tous les élèves ont compris. On ne demande pas : « Vous avez compris ? », on ne dit pas « D’accord ? », non, non, non, on dit : « Pierre, redis-nous ce qu’il faut faire », et on choisit évidemment l’élève dont on n’est pas certain qu’il ait compris.

     Quand on est certain, cette fois-ci, que tout le monde a bien compris, on leur dit ce qu’ils devront faire une fois qu’ils auront fini. Et ça, c’est primordial pour ne pas avoir 18 fois « Maitresssssssssssssseeeee, j’ai finiiiiiiiiiiii, je fais quoiiiiiiiiiii ???? ».

    Il faut dès le jour de la rentrée, leur donner des habitudes. (Donc, il faut y avoir réfléchi). Les élèves doivent savoir où ils posent leur fiche ou leur cahier quand ils ont terminé. Et cet endroit doit toujours être le même.

    Il faut absolument leur proposer des activités à faire une fois qu’ils auront terminé leur travail.

     Cela peut être : des coloriages magiques, qu’ils rangent dans une pochette dans leur case, et qu’ils ressortent quand ils ont le temps. Ca peut être un rallye lecture, ou ça peut être aller dans les différents coins de la classe : un coin lecture, un coin ordinateur, un coin écrivain, un coin pâte à modeler, un coin puzzle….ça dépend des niveaux des élèves.

     En septembre, il ne faut pas hésiter à perdre 5 min à chaque changement de groupe, pour leur redire où ils posent leur feuille, ce qu’ils font après, ce qu’ils ne doivent pas faire etc etc…

     Mais bien sûr, il faut rester un peu perméable quand même…. Quand on est en leçon de lecture en CP, il faut toujours garder un œil sur le groupe des CE1 à côté. Parfois, juste les regarder peut suffire.

    On peut toujours aller dépanner Untel qui ne comprend pas bien un exercice, pendant les quelques secondes pendant lesquelles les CP sortent leur ardoise, par exemple.

     Gérer une classe multicours, c’est comme un numéro de jonglerie. Ca épate, mais quand on sait jongler, c’est facile.

     

    J’espère vous avoir été utile !      

     

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